La musique comme remède ou prévention à la dyslexie

Comment est-ce possible ?

Le lien entre la musique et la dyslexie vous est plus familier que vous ne le pensez. Songez à la scène du film Le Discours d’un roi (Tom Hooper, 2010) dans laquelle le futur roi George VI d’Angleterre surmonte son bégaiement en chantant, ou encore, le fait que vous vous souveniez des chansons de votre enfance des décennies plus tard, et même mieux : que vous puissiez chanter les mots d’une chanson dont vous ne connaissez pas la langue. Le lien entre la musique et la parole n’est pas une coïncidence ; un grand nombre de chercheurs se sont penchés sur ce phénomène.

Le rythme, l’élément musical clé

Pour comprendre la relation entre le rythme et le décodage du langage, imaginez un instant un clip vidéo d'une personne qui parle, dans lequel le son est décalé d'un quart de seconde par rapport à l'image. Si la personne parle lentement, le décalage ne semble pas faire une grande différence, mais lorsqu'elle parle plus rapidement, c'est là que l'on voit vraiment le problème. Lorsque la sensibilité d'un enfant au rythme n'est pas suffisamment alignée sur les détails du traitement du langage, des difficultés peuvent survenir.

 

Et c’est justement cette précision du rythme, fondamentale pour faire de la musique ensemble, une précision supérieure à celle nécessaire pour le langage, qui va influencer les capacités de lecture de l’enfant en difficulté.

Les progrès en lecture du jeune élève dépendent de :

  • La connaissance de la langue—l’enfant doit entendre et parler la langue avec fluidité avant d’aborder la lecture.

  • La reconnaissance des phonèmes—ce qui dépend de la précision auditive­

  • Les capacités de décodage—l’enfant a besoin d’outils clairs et structurés (apprentissage par la phonétique)

  • La sensibilité au rythme ­— sans cette sensibilité, la lecture est fragilisée voire impossible.

 

La communauté scientifique est unanime, comme en témoigne cet article de l’Inserm publié déjà en 2015 !

« La musique pourrait aider votre enfant à venir à bout de sa dyslexie. C’est ce que montre une équipe Inserm qui a soumis des enfants à une cure d’apprentissage musical pendant six mois. »

 

L'hypothèse « OPERA » de Dr. Aniruddh Patel (Tufts University USA)

L’hypothèse OPERA (Overlap pour « chevauchement », Précision, Émotions, Répétition, Attention) défend que la musique et le langage partagent des processus de traitement communs et que les compétences musicales se transfèrent sur les compétences langagières. En effet, la musique sollicite davantage les mécanismes de traitement sensoriel ou cognitif ; or, la précision et la répétition combinées aux récompenses émotionnelles musicales stimulent la plasticité neuronale et impacte le traitement de la parole. Selon la Dynamic Attending Theory, le rythme serait l’élément musical clé qui permettrait d’améliorer le traitement du langage grâce au développement de capacités de prédiction. 

 

Pour plus d’informations sur la dyslexie, nous vous invitons à consulter le site web de la Fédération Française des DYS.

 

Sources bibliographiques :

Inserm. (2015) Corriger la dyslexie en rythme. https://www.inserm.fr/actualite/corriger-dyslexie-en-rythme/

Patel A. D. (2014). Can nonlinguistic musical training change the way the brain processes speech? The expanded OPERA hypothesis. Hearing research308, 98–108. https://doi.org/10.1016/j.heares.2013.08.011

Koenig, J. (2022) Tous les enfants naissent musiciens. Paris : Actes Sud.